Ces mots ne sont pas si vrais que cela. En fait, ils sont même faux. Avec ma tendance à me monter la tête, j'avais cru, et j'avais mal cru.
Mais je trouve que c'est bien, de ma part, d'écrire. En fait, je trouve ça tellement bien que je poste quand même ces mots ici. Je l'avoue, écrire m'avait manqué.
Le chemin est encore long avant l'amour.


Le plus difficile, c’est de l’admettre. De nombreux antécédents auraient pu m’empêcher de l’admettre. De multiples raisons auraient pu me retenir de l’admettre. Le passé, le futur. Le vécu, l’inconnu.
Mais que vais-je faire du présent ? Ignorer le présent, c’est me mettre entre parenthèses.

La prépa’ m’a mise entre parenthèses, d’une manière différente et peu gênante. Certes mon cœur était vide, certes ma santé était bancale, certes ma vie n’était pas idéale. Mais je ne ressentais pas l’envie d’aimer, mais je ne ressentais pas la peine de vivre, mais je ressentais une plénitude.
Et maintenant ?

Je ne peux pas me le permettre. C’est la peur qui m’arrache à ma liberté d’être. C’est la honte qui enclot les pensées qui m’envahissent. Je ne veux pas me le permettre.
Je ne sais si c’est la capacité ou la volonté, l’instinct de rejet ou l’instinct de survie. Quoi que ce soit, la finalité est la même.
Je te ferme les portes de mon cœur.

Au nom de notre amitié. Au nom de notre complicité. Je ne réclame rien de plus qu’un peu d’air. Je ne souhaite rien de plus qu’un peu de vie. Tu le comprends certainement mieux que moi. Or l’amour est ma respiration. L’amour est ma substance. L’amour, sous toutes ses formes. L’amour-poison qui paralyse lentement. L’amour-feu qui embrase totalement. L’amour-amitié qui bout doucement. L’amour-admiration qui mûrit complètement. L’amour-haine qui détruit patiemment. L’amour-fugacité qui fuit rapidement. L’amour-échec qui abandonne partiellement. L’amour-musique qui fortifie continuellement. L’amour, sous bien d’autres formes.

L’amour-amour a déserté ma vie avec lui et s’apprête à revenir avec toi. Pas lourds, vérité pesante, que suis-je censée faire ? Je le pressens, ce n’est pas encore arrivé mais presque. Et je voudrais arrêter les flots avant qu’ils ne coulent, je voudrais arrêter l’hémorragie avant qu’elle ne coupe, je voudrais arrêter la vie avant qu’elle ne me tue.

Finalement, c'est K. qui a eu la primauté de la vérité, dans mon entourage. C'est K. qui l'a su en premier, parce que c'est bien la seule personne devant qui je n'ai honte de rien. C'est K., alors que je disais il y a encore quelques jours qu'il ne savait rien de mes histoires de filles.
( Oui, c'est à M. que je l'ai dit en premier, mais elle l'avait deviné, c'est pas du jeu. )

Je ne veux rien changer. Je veux continuer à vivre ainsi. Je ne veux plus croire.
J'ai eu le temps de m'en débarrasser, j'aurai le temps de tout oublier, d'assainir les choses. J'en suis capable.
Mais je ne peux pas croire que je le sois. Vibrante. Chavirée. Chamboulée. Ce n'est pas moi, ce n'est plus moi.

M. IP disait que « Le cœur et le cerveau, quand l'un se vide, l'autre se remplit. », et moi j'y crois, moi j'avais le cœur vide mais pas le cerveau rempli, et là j'ai peur. Et la peur n'augure rien de bon.

J'ai l'impression que rien dans ma vie n'est mieux qu'eux, vous savez. Rien du tout. Que si je les perdais, je ne réussirais jamais mes concours, quoi qu'il arrive. Que ma vie est liée à eux, d'une manière ou d'une autre, et qu'ils n'ont pas le droit de me trahir.
K. me manque. Bien sûr. Mais je ne le lui dirai jamais. Je l'aime tellement, c'est la première fois que je ressens cela aussi fort, aussi longtemps.

Aujourd'hui, premier jour des vacances / travail. J'ai fait la moitié de ce que je voulais faire et j'ai failli faire une crise d'angoisse à cette pensée. La pression que P. m'a mise est incroyablement insupportable. Mais si, je peux la supporter, seulement si je m'en plains. Deux mois, je peux le faire, ce n'est rien deux mois. Et au fond, je sais qu'il a raison, je sais qu'il s'accorde avec mes ambitions, je sais tout ça. Mais je ne peux pas. J'ai peur, la peur revient, elle était partie mais elle m'enserre à nouveau. Je ne veux pas faire une troisième année, c'est dit je ne veux pas. Pas si je suis seule à la faire. Et je sais que je serai seule.
Mais la question de la peur n'est plus d'actualité. Au point où nous en sommes, la seule question est celle du travail. De la défonce. La question est celle de tout donner. Donner jusqu'à en crever.

Réussir, quitte à s'évanouir. Réussir, quitte à se nier. Réussir, quitte à s'oublier.

J’ai le cœur en miettes.

Mardi 15 février 2011

 

Je ne sais pas s’il y a un début, mais en tout cas, il en connaît les grandes lignes. Il sait comment je le considérais au début (« un monstre » haha), j’avais limite peur de lui car c’était le seul qui ne me souriait pas ou ne me disait pas « bonjour » quand je le croisais. Mais, au fond, tout a commencé pour moi quand j’ai connu son prénom. Quand je l’ai lu sur la porte de sa chambre pour savoir qui était ce guitariste.
Quand j’ai commencé à l’appeler « le guitariste », en fait. Quand j’ai mis une tête sur la personne qu’il était.

Et la semaine passée, j’ai enfin entendu le son de sa voix, et son rire. Depuis le temps que j’avais envie... J’ai souvent été tentée, le mardi aprèm’, à entendre sa guitare, d’aller frapper à sa porte, pour voir qui c’était. (Et vous savez quoi ? Maintenant, je pourrai le faire !)
J’allais dans la cuisine pour déposer un truc, et je suis restée discuter avec les trois mecs qui étaient là, et surtout, avec Mx., parce qu’on se connaissait déjà un peu. On a parlé sans tabous, « tu peux comprendre qu’elle ne veuille pas coucher avec son meilleur pote ? », et puis le guitariste a parlé d’aller faire de la guitare, j’ai chopé mon ordi’ et je les ai suivis. N. (c’est comme ça que le guitariste s’appelle) et moi avons fini tous les deux, à essayer de chanter The Scientist sans grand succès.
J’ai passé une excellente soirée, vraiment. Je voulais garder cette expérience pour moi, mais j’ai fini par en parler à Voisine parce que je lui parle de tout ce qui va bien. Et j’étais vraiment contente, ça se sentait profondément je pense.

La semaine passe, je le croise lundi et je regrette profondément de lui avoir dit ce que je lui ai dit. À savoir, quand il sortait acheter à manger, que je mangerais plus tard. J’aurais adoré (je crois) m’inviter. Mais chaque chose en son temps, comme on dit...

Le jeudi, je le croise dans les couloirs. « Tu vas en khôlle ? » Pas vraiment, je sortais au Starbucks... Je demande, l’air de rien, « tu as cours samedi ? » Il me répond par la négative, je lance (encore l’air de rien, haha, je suis pas fine comme fille) « je passerai demain soir alors ! ». Et il me dit, comme pour justifier les choses, « on fera de la guitare si tu veux ». Tu parles que je veux, c’est pour ça que je voudrais passer, mais ça, je ne le dis pas, car je suis déjà en retard...

Un peu plus tard dans la soirée, alors que je vais au ciné’, je le croise à nouveau. Il a un sourire sur les lèvres, dont je comprendrais la provenance un peu plus tard, et qui m’a d’ailleurs terriblement fait rire ! ( En fait, il m’a entendu dire à ma copine le mot « maths », c’est le seul qu’il ait entendu de ma conversation, et se rendre compte qu’il s’agissait de moi l’a fait encore plus rire ! )

Et le lendemain, je le croise trois fois. Comment c’est possible de pouvoir le croiser cinq fois en deux jours ? Enfin.

Voilà le moment à raconter. Je sors à 20 heures histoire de ne pas rentrer trop tard et de pouvoir l’embêter, et alors que je comptais rester boire un coup à 21 heures, je décide de filer pour retourner à l’internat. De toute façon, j’ai déjà bu une vodka orange et une bière. En ouvrant la porte de l’étage, ça sent bon la nourriture, je suis à peu près sûre que c’est lui mais je retourne dans ma chambre, je cherche une excuse pour aller dans la cuisine et je finis par agripper des yaourts de mon frigo’ pour les mettre là-bas. Bingo, c’était eux !

Nous discutons un peu, laissons la vaisselle dans l’évier, et accompagnons Y. à la laverie. Le troisième que je ne connaissais pas s’en va (car il est externe), et nous allons dans une salle tous les trois.
Je parle, je parle, je parle (de choses que je n’ai dites à personne, de ma famille, de mes peurs), je me sens à l’aise. Cette salle de classe a beau être trop grande, je m’y sens bien, avec eux. Et l’heure sonne, il est déjà 23 heures !
Nous filons tous les trois dans la chambre de Y., qui était déjà là la dernière fois. Nous discutons encore, des souvenirs, une heure ou deux, je ne sais plus, plutôt deux d’ailleurs, et N. propose sa guitare.
Y. va finalement se coucher, il est quand même 1 heure du matin, et N. et moi cherchons une salle.

Tout ce que j’ai à dire, c’est qu’il est beau quand il joue et chante. J’ai déjà parlé de mon « problème » avec les guitaristes, non ?
Là, c’est pire. Parce qu’il m’a expliqué le principe de l’inféromètre (et de son TIPE de l’année dernière), parce qu’il aime la littérature, parce qu’il y a autre chose que le simple fait qu’il soit guitariste. Il y a sa gentillesse, ses taquineries, sa confiance. Il y a nos points communs, trop nombreux. Il y a la musique. Il y a sa relation avec sa mère, attendrissante au possible.

En dehors de cela, en dehors du fait que j’aurais presque fait une nuit blanche avec lui, je le considère presque comme un ami. Et j’aimerais pouvoir le faire un jour. Je crois que je le fais déjà.
Lui parler de mes problèmes alimentaires, de ma tachycardie et de mes crises d’angoisse, de tellement de choses que j’ai oublié, en fait. Mais le plus important reste les confessions sur mes problèmes alimentaires et mes crises d’angoisse.

J’étais à l’aise avec lui. Complètement à l’aise. J’ai dit des choses que je n’avais jamais dites à personne de vive voix, j’ai parlé de mes crises d’angoisse alors que je n’arrivais pas à prononcer « le » mot, même avec K., même avec P., parce qu’il renvoie à trop de choses horribles. J’ai mis des mots sur ce qui me dérangeait dans la prépa’, à part l’alimentation. J’ai mis des mots sur ma vie en Terminale, le début de ma vie. J’ai écouté tout ce qu’il avait à me dire, sans trop m’introduire, j’ai admiré sa prestance, sa confiance. J’ai éprouvé un plaisir incommensurable en voyant que oui, nous écoutions plus ou moins la même musique.

Et la surprise quand à 3 heures du matin, il me dit que contrairement à d’habitude, il n’est pas fatigué. Moi non plus, pas tellement. C’est comme ça qu’à 4 heures du matin, j’ai une explication mémorable sur l’inféromètre. Mais comme vers 5 heures du matin, je commence à frissonner de froid, je préfère rentrer. Et puis, mes parents arrivent à 11 heures... Et moi, je me couche à 6 heures, logique.

 

L’amitié naît de ces moments-là, privilégiés, inattendus.

No woman no cry.

Dimanche 13 février 2011

 

La jouissance auditive. La puissance sonore.
La groupie en moi se réveille, c'est vraiment un morceau qui me parle.
Je l'ai écoutée en boucle et en boucle, vraiment, c'est du génie en boîte à mes yeux. C'est The Strokes, quoi.



C'est le premier jour des vacances pour moi, je l'ai passé à faire du shopping l'aprèm', mais je vous raconterai le reste de la journée plus tard. En tout cas, elles étaient les bienvenues, ces vacances. Je suis heureuse qu'elles soient là. J'en avais besoin.
Je suis épuisée. Après m'être couchée à 3 heures du matin jeudi (ou plutôt, vendredi matin très tôt...), après avoir eu trois heures de philo' + tout de suite après 2 heures de P. (bien plus agréables que ce que je pensais, sauf à la fin, va falloir que j'apprenne un jour à me taire), avoir fait une nuit épique vendredi / samedi, avoir déambulé pendant 4 heures dans les magasins pour acheter plein de trucs... oui, je suis épuisée, aucun autre mot n'est valable.

Je suis heureuse, vous n'imaginez même pas. Je suis heureuse que ma dépendance à Voisine soit réduite, que mon amitié avec K. soit exacerbée au possible, que les relations avec P. soient totalement saines, que les cours ne me fassent plus trop de mal, que la musique puisse toujours autant me transporter. Je suis heureuse de retrouver ma maison, Frérot, mes parents, ma routine, ma vie.

Je suis heureuse à l'idée de rédiger mon article demain, pas facile, très long, trop explicatif, mais l'idée de vous raconter ma vie me fait plaisir, pas comme il y a quelque temps.

Certes, K. me manquera d'ici quelques jours, certes, Voisine me manquera parce que j'ai envie de lui raconter ma soirée, certes.
Mais j'ai le cœur qui bat, pour vivre, parce que j'aime ça. J'ai le cœur.

Vous avez beaucoup manqué de ma vie, parce que je n'avais ni le courage ni l'envie de la raconter.

Mais quelques événements ont été marquants, ces derniers temps. Le temps a filé si vite, avec le concours blanc, avec K., avec les cours !

P. m'a fait pleurer. P. m'a fait pleurer comme jamais je n'avais pleuré en "pensant" à lui. Je sortais de deux semaines de vacances, de fatigue et maladie, de stress à cauchemarder de lui. Et j'ai été blessée comme jamais, mais j'ai été assez forte pour ne pas fondre devant lui. Il m'a fait culpabiliser, il m'a enlevé toute confiance en moi. Il s'est montré trop dur alors qu'il voulait simplement que je prenne conscience toute seule de ce qui n'allait pas. Il n'a pas remarqué à quel point j'étais fragile. But he saved my life once... and every day. [ La chanson de Wakey!Wakey! qui est plus bas. Je pensais à lui. ] Mais je sais. Je sais qu'il n'est pas obligé de s'investir autant en moi, qu'il pourrait juste être prof' de maths et basta, mais il s'intéresse à moi, à ce que je mange, à mon train de vie en somme. C'est la seule et unique fois, je crois, où j'ai vraiment pleuré à cause de ce qu'il m'a dit.

K. a pris ma défense, un jour, d'une si belle manière, en privé certes mais son attention m'a touchée. Je sais ce qu'il est pour moi. Je sais qu'il n'a pas vu mes larmes durant ce cours, mais il les a senties, pour me dire ce qu'il m'a dit après je suis sûre qu'il les a senties. J'ai été insultée, certes dans le but de rire mais non. Non, et il l'a su. Et je l'aime. Pour tant de choses différentes. J'ai passé beaucoup de temps avec lui la semaine passée, j'ai dîné, j'ai travaillé.

J'ai rencontré quelqu'un. Ou plutôt, j'ai discuté avec quelqu'un que je connaissais de vue, et j'ai approfondi ma relation avec un autre, et j'ai totalement rencontré un troisième. Des gars du couloir, de l'internat. Des garçons extrêmement sympathiques (surtout l'un, en fait, celui que je ne connaissais pas avant) et drôles, qui m'ont permis de passer une excellente soirée de samedi soir. Le guitariste (très beau, bien sûr), avec qui j'ai chanté un peu, et puis nous étions quatre à chanter. Pas mal de choses par-ci par-là, The Beatles surtout, nous avons essayé le début de The Scientist lorsque nous n'étions que tous les deux. Au fil de la guitare, il y eut Foule sentimentale, Imagine, Yellow Submarine, I will survive, et j'en passe. Ce fut une heure et demie magnifique, surtout à la fin quand nous avons commencé à discuter tous les deux.

J'ai revu la scène pour la harpe, après presque deux ans sans aucune représentation. Le contact fut rude et mauvais, mais il a été fait, au moins. Je ne recommencerai plus... Ah bon ? J'aimerais juste avoir plus de temps pour la harpe, vraiment.

Je voudrais revoir le guitariste. Je crois.

<< After | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | Before >>

Créer un podcast