E-mail destiné à M. IP.
Je suis officiellement une traînée.
Premièrement je dois avoir l'air vulgaire au possible avec mon chewing-gum que je mâche ostensiblement et mon manteau rouge et mon vernis rouge et mon petit bonnet blanc et à regarder par la fenêtre la neige.
Deuxièmement, j'ai fait une connerie parce que j'avais envie de la faire mais trop de personnes m'ont vue la faire. L'unique problème étant le regard des autres (j'ai dû perdre mon estime de moi depuis le temps, tu ne crois pas ?). J'ai coutume de dire et de me dire qu'un baiser ne vaut pas grand-chose, quelques particules échangées avec un mec et basta.
Ma vie est faite d'une succession d'erreurs et de bien trop peu de réussites.
J'avais envie d'embrasser quelqu'un, idéalement cela n'aurait pas été lui, mais idéalement aussi je n'aurais jamais revu le garçon en question. Alors que là, mon "idéal", c'est juste l'un de mes camarades de classe.
I still don't think that I can fall in love again... It's hard, it's tough, but f***.
Philosopher, c'est s'étonner. Aristote, je crois... Eh bien c'est exactement cela, je philosophe à l'heure actuelle, au moment actuel. Je m'étonne que dehors, la neige ait modifié et blanchi le paysage, je m'étonne au pont de ne pas rester scotchée à mes livres et regarder par la fenêtre, je m'étonne de voir le fleuve à Villeneuve-Saint-Georges alors que je sais très bien qu'il y en a un, pour avoir mangé au bord de ce fleuve pendant de nombreuses années.... Je m'étonne de voir les toits des maisons blanchis, si joliment ; je m'étonne de me sentir apaisée face à cela. Le miracle de la nature et de Noël me ferait presque croire (presque) que je suis capable d'aimer.
Aimer le goût de l'alcool. Aimer l'odeur de la folie. Aimer le concept de l'inconscience.
Et le soleil m'éclaire, et j'ai chaud, et mon cœur aussi se réchauffe. Et j'adore l'album Circus de Briney Spears, il est juste énorme je trouve.
Je pense que la déprime fait partie intégrante de moi, c'est inévitable. Je ne sais pas si j'étais la fille la plus optimiste du monde, mais il faut avouer que j'avais des sourires à revendre, huh ?
Je les ai toujours, toujours, mais cachés au fin fond de mon être.
À ma droite, un monsieur lit (lisait) le Courrier International. Rien que pour cela je devrais le féliciter, même si c'est répandu chez nous (étudiants de prépa). J'ai envie de rentrer chez moi tu sais, envie de prendre un bon bain chaud, de me jeter dans mon lit, et de dormir, dormir, dormir.