But I’ll still remember which way to go...
Je me sens ridicule. Cette lettre est tout sauf positive.
Et pourtant, cela fait deux semaines qu'elle est en sa possession...
Depuis cette grève. Depuis cette pizza. Depuis ce rapprochement.
Attirance insignifiante. Qui dure depuis deux ans, voire plus. Que peut-on y changer ?
J'ai toujours su qu'il ne voulait pas de femme, qu'il vivrait en ermite ou moine, du moins isolé.
Et moi, je ne trouve rien de mieux que de tomber amoureuse d'un être pareil.
Quelle différence entre l'amour que je lui porte actuellement et la fascination morale que je lui portais il y a encore peu ?
Le désir. Cette pulsion destructrice. De le serrer dans mes bras, de l'embrasser.
La jalousie. Ce sentiment détestable. De vouloir l'étrangler, elle, de la jeter.
Je ne me supporte pas jalouse. Je n'aurais jamais dû aimer.
Et j'ai osé lui écrire cela.
Je crois que je t'aime. Encore. Toujours.
Que tu n'es pas seulement un fantôme de mon cœur.
Que ne pas avoir voulu me l'avouer m'a confinée dans mon mal-être (malaise ?).
Je sais que t'aimer ne m'apportera rien. Que je me détruirai même.
Que tu ne m'aimes pas.
Que, même si tu es plus proche, même si tu recommences à me complimenter, même si tu ne me repousses pas immédiatement quand je recherche ton contact, tu ne m'aimes pas.
Et j'aurais dû te dire, quand je le voulais, que ce n'était pour moi qu'une amitié.
J'aurais dû éclaircir les choses quand il en était encore temps. Quand je croyais que tout était fini, que je n'avais plus de sentiments.
Je ne veux pas en avoir alors que tu ne partages rien. Aucun doute. Aucun espoir.
Me briser le cœur. Pas encore. Pas comme d'habitude.
Que tu te sentes coupable. Je le suis assez pour deux.
Je ne peux pas ne pas penser à toi, au moins une fois dans la journée.
Te regarder, et faire comme si tu n'étais pas séduisant.
Fermer les yeux sur cette innocence.
Tu ne sais rien. Tu ne sais rien de ce que j'ai ressenti après...
Non, tu n'aurais pas dû faire cela. Oui, c'était salaud de ta part de me laisser espérer.
Et alors ? Tu n'as pas de comptes à me rendre. Je n'ai aucun droit sur toi.
Je pourrais réagir plus calmement et plus rationnellement face à toi.
T'aimer sans encombres et sans excès, silencieusement.
Je pourrais. Mais je ne peux pas. Je ne sais pas.
Dis-moi une bonne fois pour toutes que tu ne m'aimes pas et que tu ne m'aimeras jamais. Qu'on en finisse.
Oublier ces mots non-dits. Occulter cette peine jaillissante.
Pardonne-moi pour ces mots ingrats, mal écrits, et si difficiles à lire.
Mais j'ai repoussé de trop nombreuses fois ce que je voulais te dire. Par lâcheté.
Je suis une idiote.
P.-S. : L'heure parfaite serait demain à 16h30. Je ne déprimerai pas, je ne te répondrai pas, je serai loin de toi. Et j'espère ne pas te croiser à Marcelin-Berthelot. Un SMS suffira, promis.
L'a-t-il lue ? Ou est-elle égarée, quelque part là où il n'a pu poser son regard dessus ?
Cette lettre est encore plus belle que je ne le pensais, sincèrement. Je trouve que tu as exprimé tes mots avec... je ne sais pas vraiment, c'est juste parfait. J'imagine ce que ça a dû te coûter que de la lui transmettre... Je ne pensais pas que tu te dévoilais avec autant d'ardeur, si je puis dire. Je pensais que ce ne serait qu'une multitude de sous-entendu. Je ne m'attendais pas à ce que ce soient de véritables sentiments écris noir sur blanc (ou bleu sur blanc, que sais-je?). Mais je pense que tu as eu raison.
Il ne reste plus qu'à savoir s'il la lue, oui ou non. Et s'il fait semblant de ne pas l'avoir lu.
Ta Darling <3.