Je n'arrive plus à écrire ici, ni à en avoir l'envie, et ça me perturbe, mais il faut que je me force, non ? C'est une sorte de loi inévitable, tant qu'on ne se force pas. C'est un peu comme si toute velléité de laisser les mots sortir de ma tête s'était envolée. Je déteste cette sensation plus que tout, j'ai l'impression d'être inégale, de ne plus être ce que j'étais.
Parce que oui, aussi malvenu que cela puisse paraître, mon blog est une partie de ce qui m'a définie. C'était mon travail sur moi-même, ma capacité à me connaître, à voir à quel point je pouvais être volatile, mais en même temps déterminée. C'est le complément de ce que m'apportent mes amis, les vrais. En plus, ça me manque de ne pas lire tout ce qui se passe dans ma vie, pas dans les moindres détails mais dans les grandes lignes.
Je ne raconte même plus les grandes lignes de ma vie ici. J'ai vraiment laissé en jachère mon blog et j'en suis la première déçue. Alors, je vais tenter de rattraper tout cela. Je ne pense pas que cela soit possible en un seul article, peut-être vais-je simplement commencer à rattraper ce manque de mots. Ce manque de vie.
Je suis à présent, à nouveau, seule dans cette chambre. Mais je le vis tellement mieux que la dernière fois, que je ne m'en offusque pas. Parfois, j'ai des relents de culpabilité, je me demande comment je peux être aussi sereine vis-à-vis d'Elle, de toute cette affaire, mais au fond, ne vaut-il pas mieux que je le ressente ainsi, aussi calmement ? Je ne peux pas me permettre de "rater" mes concours parce que je me préoccupe trop d'Elle. Elle le sait, et elle ne m'en veut pas, je le sais.
Et ma tête a beau savoir que c'est la meilleure chose pour elle, mon cœur, lui, a mal. Mal de savoir qu'elle est revenue samedi dernier juste pour moi, parce qu'elle voulait être avec moi. Mal de ne pas avoir pu passer de temps avec elle, à peine dix minutes. Ces fichus entretiens ! (C'est un prochain article, ne vous en faites pas...) Ici, l'internat, c'est à la fois le pire endroit pour elle, et le "moins pire". Pas le mieux, certainement pas, mais oui, le "moins pire". J'ai eu irrationnellement mal, et j'avais besoin de ses mots à Lui, j'étais en larmes, stupidement. Il m'a remis la tête à l'endroit, je ne peux pas imaginer qu'il puisse partir. Bref, il n'est pas le propos ici, il le sera dans le prochain article.
Le jour où c'est arrivé, jeudi dernier, j'ai pu compter sur tellement de monde. Sur K., bien sûr, à qui j'ai tout dit, sur N., qui a été parfait, et même mon bizu', qui a été tout chou. Oui, j'ai pleuré devant elle, un peu, avant de me ressaisir, de lui dire que ce n'était pas grave. Le déni, finalement. Tout est déni. Mon absence de sentiments, ma sérénité à l'idée de la savoir ailleurs, mes mots et mes sourires pour les autres, tout n'est que déni. Non, je n'ai pas pleuré après, comme si j'avais été vide de larmes. Pas tout de suite, en tout cas. Des jours après, oui, une semaine après, oui. Mais jeudi, jeudi, j'avais déjà trop versé de pleurs. Ou peut-être pas, qui sait vraiment ?
Je l'aime, profondément. Elle a été tellement pour moi. Mais je me sens forte, capable de la laisser partir. En vérité, c'est de la faiblesse de ma part, et j'en suis consciente. Je me sens forte simplement parce que je me sens forte seule. Si j'étais vraiment si forte que cela, elle ne me ferait pas mal, et j'aurais le courage de la laisser rester. J'aurais préféré être forte. Comme un robot, et pas un être humain. J'en parlais déjà quand j'étais en Terminale, j'avais ce besoin irrépressible de ne rien ressentir. C'était pour moi un but à atteindre, ne rien ressentir et surtout, montrer le contraire. Et finalement, je ne sais pas où j'en suis arrivée aujourd'hui.
Elle ne me manque pas. Parce que je sais qu'elle est toujours là. Mais penser à elle, comme aujourd'hui, ça me donne les larmes aux yeux. Écrire qu'elle est toujours là, c'est également poser le contraire en possibilité, c'est également émettre des doutes sur un potentiel jour futur où. Le déni, encore le déni. Ne pas imaginer. Ne pas y croire. Elle est toujours là, donc elle ne me manque pas. Point.
Si seulement il pouvait y avoir un point, un vrai.