Cela fait depuis N. que je ne suis pas tombée amoureuse. Ou tombée librement sous le charme de quelqu'un.
J'ai exagéré et j'ai dit que j'étais amoureuse de BP. J'étais et je suis encore sous son charme, mais il y a "ce truc" qui m'empêche d'être librement sous son charme. Peut-être que "ce truc", c'est mon cerveau. Peut-être que "ce truc", c'est juste qu'on n'a aucune complicité.
Un peu avant, j'ai eu H., et en effet, j'étais plus que sous son charme, mais je n'y suis pas tombée librement. J'ai tant hésité et tourné en rond qu'on ne peut pas parler de liberté. J'ai mis tellement de temps qu'on ne peut pas parler de liberté. Je ne pense pas avoir été amoureuse, ou peut-être quelques heures (semaines) (mois), mais je ne le suis plus.
Le-mec-sur-qui-je-ne-dois-pas-crusher : rien que son surnom enlève toute idée de liberté. Et évidemment que je ne suis jamais tombée amoureuse de lui.
Et si on remonte encore, on tombe sur S., qui avait une copine, puis sur N.
Mais là, j'ai l'impression que pour la première fois depuis N., c'est différent. J'ai l'impression de renouer avec la liberté de tomber sous le charme de quelqu'un. J'ai l'impression que je n'ai plus peur de rien et que je ne me contrôle plus aussi strictement.
Et pourtant, je devrais. Il me reste 2 mois dans cette ville, je pars 6 mois à Bruxelles, je pars 1 an à Shanghai, je reviens en France, je vis avec R.. Si j'écoute mon cerveau, évidemment que je devrais, rationnellement ce n'est pas sain de développer une attirance pour lui. Mais je ne vois pas pourquoi je devrais me contrôler. Je me sens vivante. Je me pose des questions, certes, mais je prends les choses comme elles viennent.
Je lui ai dit des tonnes de choses. Il m'a dit des tonnes de choses.
J'ai été plus ouverte avec lui et lui ai dit plus de choses très privées qu'à n'importe qui d'autre (sauf R.). Il sait que je suis bisexuelle, que je ne me pose pas de questions dans la vie, que j'ai des rencards à gauche à droite, que je ne souhaite pas être en couple parce qu'il me reste 2 mois (enfin, je crois qu'il sait ça), que j'ai eu des expériences passées très malencontreuses (pour ne pas dire plus), que je n'ai aucune libido en ce moment, il sait pour le-mec-sur-qui-je-ne-dois-pas-crusher, il sait pour Mc. et que Mc. revient bientôt dans ma vie. J'ai essayé de me rendre asexualisable à ses yeux avec des réflexions diverses, notamment en parlant de mes ex.
Je sais qu'il considère que c'est étrange d'écrire beaucoup de SMS à une fille. On communique très très très souvent par SMS, surtout quand on est en classe, depuis le 1er octobre (j'ai regardé l'historique), et vendredi dernier il m'a envoyé un message à minuit, on a continué jusqu'à 3 heures du matin, on a continué samedi, et dimanche, et lundi, et lundi c'est aujourd'hui, et je n'ai pas l'habitude de faire ce genre de choses.
Je ne sais pas quoi en penser, parce que je me suis posée en tant que pote pour éviter les dérives, mais je n'ai pas su empêcher la dérive. Je ne peux pas empêcher le fait de ne pas avoir de libido mais d'avoir des poussées de désir en pensant à lui, je ne peux pas empêcher le fait de ne pas vouloir de relation mais d'être attirée par la totalité de ce qu'il est, je ne peux pas empêcher le fait qu'on se fasse des compliments cachés. Je ne peux pas empêcher mon attirance de s'être éveillée depuis vendredi soir.
Je me souviens que je suis allée vers lui dès le début, sans aucune pensée autre qu'amicale, je ne me souviens pas exactement de ce que j'ai dit mais simplement "ne te moque pas", il a répondu "j'ai rien dit". Je me souviens que je lui ai proposé de venir boire un verre "avec nous", les gens de la classe, et qu'il ne pouvait pas. Je me souviens du premier cours à l'Exe et de son message de la veille et du moment où j'ai pris son numéro. Je me souviens qu'on s'est rapprochés en tant que potes. Je me souviens de cette soirée où ils se sont maquillés, où je les ai complimentés sans cesse, où il était bourré et où je me suis inquiétée. Je me souviens l'avoir pris dans mes bras et l'avoir embrassé dans le cou, seule partie du visage qui n'était pas maquillée. Je me souviens qu'il m'a envoyé un message sur FB le lendemain puisqu'il n'avait plus son portable, et que j'ai lancé sans réfléchir "on se capte ?", et qu'on est allé manger japonais le soir même.
Je me souviens vaguement, temporellement, doucement. Et tout s'est accéléré.
Et je ne sais que penser de tout cela.
Je me sens simplement vivante, et libre de tomber sous son charme.