Un moment volé avec P., avais-je écrit. Oui, c'était exactement ça.
J'aurais traversé tout Paris pour te voir. J'aurais fait une nuit blanche si ça avait pu réellement t'aider. J'aurais embrassé tes larmes sans aucune gêne.
Finalement, je n'ai fait que 20 minutes de trajet, je suis rentrée vers minuit, et je n'ai pu que te prendre partiellement dans mes bras. J'étais là pour ça, j'étais là pour rien. J'avais si peur d'être là pour rien. D'être comme le vide qui t'habitait. D'être la fille qui ne te rassurait pas.
Te savoir ainsi m'a donné des sueurs froides, m'a lancée dans une crise de tachycardie, m'a fait trembler de tout mon corps. Mes muscles étaient tétanisés, mon cœur faisait son marathon, ma tête me lançait sa migraine. Moi, ça ne me faisait pas rire. Moi, ça me faisait mal. Moi, ça me rendait mal.
Te savoir ainsi me rend triste, pas par égoïsme, pas par moquerie, pas par amour. Si je n'étais qu'égoïste, je ne serais pas restée sur ce quai de métro si longtemps. Si je n'étais que moqueuse, je ne ressentirais pas si fort cette douleur. Si j'étais amoureuse, je ne passerais pas mon temps à tenter de te ménager de cette manière.
L'absolu, c'est mon amitié pour toi. L'absolu, c'est te trouver beau même quand tu es triste. L'absolu, c'est te trouver merveilleux même quand tu ne l'es pas.
Je t'aime trop pour avoir du recul sur cette histoire, pour te traiter de salaud en le pensant profondément, pour te conseiller correctement sans me tromper. J'en ai vraiment assez qu'elle te mette dans tous tes états, qu'elle ne te respecte pas un minimum, qu'elle te retire toute ta jugeote.
Peut-être que tu es bien plus naïf que ce que je pensais. Que tu es trop gentil pour ton propre bien. Que tu es trop amoureux pour ta survie. Mais cela n'empêche rien, P., cela n'empêche pas.
J'ai l'impression que mes sentiments n'ont jamais été aussi éloignés de l'amour tout en s'en rapprochant d'une manière incongrue et indélicate. C'est comme si je t'aimais de toute mon âme sans y laisser la moindre particule de moi. C'est la sensation de vouloir que tu sois tout à mes yeux et n'être rien l'un pour l'autre.
C'est le paradoxe de la vie humaine. C'est le paradoxe d'un cœur éteint. C'est le paradoxe d'une élève prise dans le tourbillon.
Je suis certaine que la route est longue encore, pour moi, avant que je ne puisse songer une seconde à t'aimer d'amour. Je ne m'inquiète pas de ce que je pourrais éprouver, jamais, tu disais qu'on pouvait choisir de ne pas tomber amoureux. Je te dis le contraire, je t'ai affirmé le contraire, mais je sais bien que ce que tu avances est vrai.
Je tiens aussi à me protéger, moi. À te faire savoir clairement que je ne t'aimerai jamais, que si ça avait été le cas je te l'aurais déjà avoué, que la volonté ne peut pas tout faire. À te faire croire que tu n'étais pas un si grand salaud que cela.
N'oublie pas que tu es l'une des personnes les plus merveilleuses qu'il existe.
dans un autre registre, tu aurais un moment de libre cette semaine? je serai relativement disponible.