J'écris en écoutant Waldeck. Comment dire que cela me fait penser à Lui (N.) sans paraître trop accro' ? Ah, c'est impossible. En réalité, j'écoute Waldeck justement parce que ça me fait penser à Lui, un peu. Je me demande comment il va, s'il est allé en cours vendredi matin ou s'il a décidé de sécher. Je me demande pourquoi il ne me parle plus, si c'est temporaire ou définitif. Je me demande aussi comment ce serait, la vie dans ses bras, la vie dans son cœur. Ça doit être tout chaud, réconfortant. Comme sa présence rassurante. Oui, je le veux dans mes bras, je le souhaite dans mon cœur. Mais ça n'arrivera pas. Pas tout de suite. Mais je suis patiente, vraiment. Je pourrais l'attendre tellement longtemps. Et puis, je ne suis pas encore amoureuse. Il a juste pris une place très rapidement dans ma vie, d'une manière insoupçonnée, inégalée même.
Je lui disais, les relations en prépa' se forment de manière différente que dans le "monde". Il me disait, j'ai plusieurs "frères" ici. Je lui disais, j'ai un truc avec les guitaristes. Il me disait, je me bloque depuis que je suis en prépa'. En fait, il commençait par me dire. Je lui disais après.
Il fut un temps, très court, la semaine dernière, où je ne voulais plus du tout le croiser, parce qu'il m'avait dit qu'il préférait qu'on ne se voie plus. J'ai respecté, tenté de le faire, mais ce p*tain de Destin met son nez partout. Et je l'ai croisé tous les jours de la semaine dernière, lundi (le soir dans la cuisine), mardi (par hasard dans les couloirs), mercredi (il est venu m'expliquer qu'il souhaitait se concentrer sur les concours), jeudi (mais c'était justifié pour de vrai, je crois qu'il n'aurait pas aimé me savoir seule après coup), vendredi (je ne sais plus pourquoi), samedi (dans le hall, j'attendais K. pour aller déjeuner, il faisait attendre S.), dimanche (au moment de son déjeuner, alors qu'il n'était pas censé être au lycée), lundi (alors que je séchais mon cours de français), mercredi (nous avons dîné ensemble car j'ai passé une si mauvaise journée que je n'ai pas ressenti de culpabilité). C'est beaucoup, pour des gens qui ne veulent plus se voir, vous ne croyez pas ?
C'est vrai. J'aime tout de lui. J'aime sa voix. J'aime son odeur. J'aime quand il me parle de politique. J'aime son esprit affûté. J'aime son intelligence. J'aime son sourire. J'aime sa grandeur d'âme. J'aime son équité. J'aime sa justesse. J'aime même sa maigreur.
J'aime nos différences, tout autant que nos similitudes. Parce que nos différences sont légères, minimes, peu importantes. Et que nos similitudes sont fortes ; la musique, avant toute chose, la politique, une légère couche, et probablement tant d'autres choses.
Il ne me manque pas, c'est faux de dire qu'il me manque. Aurais-je inhibé mon cœur ? Il occupe souvent mes pensées, c'est vrai qu'il reste mystérieusement.
Je n'ai pas mal. Pas du tout. Je me sens apaisée vis-à-vis de lui. Tellement apaisée que j'accepte enfin d'en parler. J'ai au fin fond de moi cette certitude qui m'aide à tenir. La plus belle certitude que je puisse avoir. La confiance en moi, en mes actes, en ce que je suis. Pas tout le temps ; souvent je rougis de ce que j'ai pu faire, dire ou penser. Mais il m'a apporté beaucoup de choses. Il m'a trop apporté, je suis incapable de tout supporter.
Je voudrais que cela ne s'arrête pas ici, aussi brusquement, aussi lourdement. Je crois en un potentiel "nous". Je crois qu'après les écrits, il voudra me revoir. J'y crois. Et étrangement, je n'ai pas peur. Ni d'être blessée, ni d'être éconduite, ni d'être déçue. Peut-être parce que j'ai inhibé mon cœur, peut-être parce que je le sais au fond de moi, peut-être parce que je m'y suis préparée. C'est la première fois que je ne suis pas effrayée à l'idée d'aimer quelqu'un. En tout cas, mon cœur n'en a pas peur. Ma tête, ma raison, mon bon sens, eux ont peur. De quoi, je ne le sais pas. Mais si je n'avais pas peur, je ne me serais pas menti.
Suis-je amoureuse ?
Ai-je envie d'être avec lui ?
Je ne sais pas. Oui. Réponses interchangeables ?
Les doutes me vont très bien, ce n'est pas le moment de me poser des questions, ce n'est pas le moment de tomber amoureuse.
Mais je brûle d'envie de l'aimer.